mardi 25 décembre 2012

Littérature: Les Bienveillantes de Jonathan Littell



Le genre de livre que l'on croit abandonner dans les deux cent premières pages, qui demande un véritable travail de lecture, qui est parfois lourd, désagréable, foisonnant de détails en apparence inutiles... Tous les grades allemands sont donnés tels quels, alors facile de se perdre dans les Stabsgefreiter, les Unterfeldwebel et les Obersturmbannführer. Beaucoup de passages d'un ennui mortel sur les déplacements du personnage, beaucoup de diarrhées, on n'a l'impression de ne jamais en finir.

Mais...

Quel chef-d'oeuvre. C'est à peu près impossible de le nier. Au travers des lourdeurs se trouvent des passages sublimes, des images puissantes et des situations qui restent gravées dans la mémoire. Les sections entièrement fictives du roman, qui décrivent par exemple la vie incestueuse du protagoniste, ses névroses profondes, sa vie de famille, c'est du bonbon. Certaines intrigues paraissent moyennement plausibles mais demeurent accrocheuses. Plein de personnages hauts en couleurs, des idées originales s'entrechoquent à des lieux communs sur le régime nazi. La dernière scène est sublime, et le titre y prend tout son sens.

Ça fait du bien de voir qu'on publie encore des livres d'une telle envergure.